"Bellamy"

Publié le par Francis Landry O.

bellamy-chabrol-depardieu-laffiche-L-1Genèse du projet

Le projet est né de la volonté du légendaire Chabrol de faire un film avec l'icône Depardieu. Car les deux artistes ont déjà deux projets avortés par le passé. C'est après s'être revu à Nîmes il y a deux ans qu’ils se disent, qu'il serait « vraiment trop bête de ne pas travailler ensemble ».

C'est la première fois que le cinéaste s'attelle à un projet avec un comédien en tête, voulant d'ailleurs que le film soit une sorte de « portrait » de Gérard Depardieu ou du moins une vision de l’une de ses nombreuses facettes. Par ailleurs, Odile Barski, co-scénariste du film à injecter des éléments de la personnalité de Chabrol, dans le rôle-titre, sans pour autant que cela devienne autobiographique, mais pour le rendre plus personnel.


 La première idée de Bellamy est de rendre un hommage feutré à Simenon, d’autant plus que Chabrol considère Gérard Dépardieu comme est un personnage profondément simenonien. Dans le même temps, le réalisateur a la volonté de mettre les personnages du film en prise directe avec le spectateur, sans que l'histoire interfère entre le réel et la fiction, comme le fait souvent Simenon dans ses livres, entre lui et ses lecteurs. L'idée du film est aussi de rendre un hommage visible à Georges Brassens, où Chabrol a dû beaucoup s'amuser à jouer sur les deux registres « visible et invisible », deux éléments prépondérants qui structurent le récit filmique de « Bellamy ».


 

Bellamy , centre d'inertie

 Chabrol a choisi ce titre pour faire un clin d’œil aux adaptations de « Maupassant », qu'il a réalisé pour la télévision et le nom d’une rue de Nantes. Appeler le film tout simplement « Bellamy » explicite aussi que le héros est au cœur de l’intrigue. Ainsi, tout est vu à travers le regard de Bellamy (Depardieu). A tel point que les flashbacks traduisent l'interprétation que Bellamy fait du passé. Chabrol nous donne un exemple : « C’est ce qui m’a permis de justifier le fait que Jacques Gamblin interprète trois personnages : cela indique l’obsession du commissaire pour le visage de Gamblin et ses multiples apparences dont certaines sont trompeuses... Le personnage de Gamblin incarne le pervers qui, à l’inverse des autres, n’a pas de visage. D’ailleurs, le sous-titredu film pourrait être La Traversée des apparences. »


Bande annonce

 

Intrigue du film

Claude Chabrol a imaginé un flic à la « Maigret » qui doit s’occuper d’une enquête, tout en étant confronté à des problèmes familiaux. Odile Barski qui a eu l’idée d’utiliser un fait divers d’arnaque à l’assurance : « ce qui nous a plu, c’est que ce fait divers était parfaitement véridique, tout en étant invraisemblable ! » dit Chabrol. Ainsi, ce qui, dans le film, semble le plus fictif est réel, puisqu' inspiré du fait divers. Et ce qui paraît le plus réel est fictif, puisque c’est Chabrol et Barski qui l’ont imaginé pour le scénario. Ce qui tend à prouver qu’on peut plus facilement atteindre une vérité cinématographique par la construction mentale que par l’examen des faits divers. 


Lieux

Les décors sont étonnamment banals et quotidiens, comme le café, la maison du couple, le Bricomarché ou la chambre d’hôtel. Le film propose des décors foncièrement réalistes, parce qu’il y a tout un jeu entre la réalité et les apparences. Et ce qui trahit le plus souvent la réalité au cinéma, c’est le style des décors. « Ici, il n’y a pas de place au pittoresque. Pourtant, en dépit des apparences, les décors sont très travaillés et sont révélateurs de la personnalité de chacun. Par exemple, la femme de Gamblin explique qu’elle adore la décoration : du coup, son intérieur est surchargé de mauvais goût et d’objets grotesques » explique le metteur en scène.

 

 

Choix des comédiens

 A l'instar de Depardieu, Chabrol a l'air très satisfait de ses comédiens principaux aussi : « Je souhaitais d’abord confier le rôle du pervers à François Cluzet. Mais comme il n’était pas libre, j’ai choisi Jacques Gamblin : j’en ai été ravi car, au fond, je crois qu’il correspond davantage à l’idée que j’avais du personnage au départ, ou plutôt à l’utilisation du personnage dans l’ensemble du tableau. Quant à Clovis Cornillac, cela fait longtemps que je voulais travailler avec lui. C’est une véritable «bête de scène» et j’aime beaucoup son physique de fonceur. Dans le film, on dirait qu’il a été désespéré toute sa vie et, à aucun moment, on ne se rend compte qu’il joue, ce qui est extrêmement difficile avec un tel personnage. »

 

 

(Date de sortie cinéma : 25 février 2009)

Publié dans CINEMA

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